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Doses de science
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| La Première ministre, Élisabeth Borne, a présenté lundi un projet de plan national visant à accélérer la baisse des émissions de gaz à effet de serre en France d’ici 2030. « La moitié de l’effort sera accompli par les entreprises, notamment les grandes entreprises, un quart par l’État et les collectivités, et le dernier quart par les ménages », a-t-elle précisé. Des mesures plus concrètes doivent être annoncées au mois de juin. La France vise une baisse de 50 % de ses émissions d’ici 2030, par rapport à 1990. Aujourd’hui, elle en est à un recul de 25 %. |  | Une interface cerveau-machine a permis à un homme tétraplégique (paralysie causée par des lésions dans la moelle épinière) de remarcher grâce à la pensée, rapporte un article paru mercredi dans la revue Nature. Le patient avait perdu l’usage de ses jambes et partiellement celui de ses bras il y a 12 ans, à la suite d’un accident de vélo. Lorsque le patient désire marcher, son activité électrique cérébrale est détectée par des électrodes, puis décodée par un ordinateur qu’il porte dans un sac à dos. L’information est ensuite transmise en temps réel à un implant dans la moelle épinière, permettant de réactiver les muscles de ses jambes. C’est la première fois qu’une personne paralysée peut de nouveau contrôler le mouvement de ses jambes et le rythme de ses pas par la pensée, souligne l’étude. | Lire notre dossier sur les interfaces cerveau-machine. |  | Le Protocole de Montréal, un accord international adopté en 1987 pour préserver la couche d’ozone, a retardé de 15 ans la fonte totale de la banquise (glace de mer) Arctique en été, selon une étude parue mardi dans la revue Pnas. Cet accord avait pour objectif de réduire les concentrations dans l’atmosphère des substances appauvrissant la couche d’ozone (SAO), dont font partie les chlorofluorocarbures. En plus de détruire la couche d’ozone, les SAO ont un pouvoir réchauffant plusieurs milliers de fois plus élevé que le dioxyde de carbone. La disparition de la banquise l’été est désormais prévue d’ici 2050 en raison du réchauffement climatique. | Lire notre dossier sur la résorption du trou dans la couche d’ozone. |
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À la loupe
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L’art du baiser expliqué par la science
| Pratiqué depuis des milliers d’années, le baiser sur la bouche est observé dans de nombreuses cultures humaines. La philamatologie (la science du baiser) avance différentes théories pour l’expliquer. S’ils favorisent le bien-être et les liens sociaux, les baisers peuvent exposer les individus aux maladies de l’autre. |
| | S’embrasser sur la bouche était une pratique courante dans l’Antiquité et a sûrement contribué à la propagation de maladies transmises par la salive, soutiennent un historien et une biologiste dans un article paru dans la revue Science le 18 mai. Les deux auteurs montrent que les baisers associés à des actes érotiques ou romantiques sont mentionnés dans les textes mésopotamiens et égyptiens dès 2 500 av. J.-C., bien avant leur mention dans un manuscrit d’Inde daté d’environ 1 500 ans av. J.-C., qui faisait jusqu’ici référence. Les baisers peuvent avoir un effet secondaire non intentionnel sur la transmission de microbes, écrivent les auteurs. Des recherches récentes en paléogénomique (étude de l’ADN retrouvé sur des restes anciens) ont montré que des agents pathogènes courants transmissibles par la salive étaient présents dans les périodes historiques anciennes et même préhistoriques. C’est le cas du virus responsable de l’herpès (HSV-1), du virus d’Epstein-Barr, à l’origine de plusieurs maladies, dont la mononucléose, et du parvovirus B19, responsable d’infections. |
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Créer du lien
| De nombreux animaux ont des contacts bouche à bouche, comme les poissons, les oiseaux et les primates. Cependant, les baisers intimes impliquant un contact avec la langue et un échange de salive sont un comportement principalement humain, pratiqué à l’échelle mondiale. Trois hypothèses sont aujourd’hui avancées par les philamatologues (spécialistes de la science du baiser) pour expliquer ce comportement : les baisers permettraient d’évaluer le partenaire potentiel en vue d’une relation à plus long terme, d’augmenter le sentiment d’attachement et d’augmenter l’excitation sexuelle. Les échanges de salive et d’odeurs ayant lieu au cours d’un baiser seraient en partie à l’origine de ces différentes réactions. Une étude parue en 2013 a évalué ces trois hypothèses à travers un questionnaire international en ligne, rempli par 308 hommes et 594 femmes. Les résultats montrent que le premier baiser peut modifier l’attrait pour le partenaire, surtout chez les femmes, et que les baisers sont importants pour renforcer les liens entre les partenaires. Différentes études plus récentes ont montré qu’une fréquence plus élevée de baisers au sein d’un couple est associée à des niveaux plus élevés de satisfaction sexuelle et relationnelle. |
Des réactions biochimiques
| Il existe peu d’études évaluant les échanges chimiques au cours d’un baiser et leurs effets, mais plusieurs se sont intéressées aux effets des baisers sur le corps. Une équipe de recherche a mesuré en 2009 une augmentation de l’ocytocine, une hormone sécrétée par le cerveau et libérée dans le sang. Cette hormone renforce les liens sociaux, raconte Wendy Hill, neuroscientifique américaine, dans une vidéo pour l’association américaine pour l’avancement des sciences, une organisation internationale. L’ocytocine est également échangée entre une mère et son bébé lors de l’accouchement et pendant l’allaitement, et elle est associée à des émotions positives. L’équipe de Wendy Hill a également constaté une baisse du cortisol dans le sang, une hormone liée au stress. Une autre équipe a mesuré une diminution du cholestérol dans le sang, un lipide associé au stress, au cours d’un essai de six semaines durant lesquelles des couples devaient s’embrasser plus souvent que la normale, par rapport à un groupe témoin qui ne devait rien changer. |
Des échanges de micro-organismes
| La bouche contient plusieurs milliards de bactéries qui constituent le « microbiote buccal ». Une étude parue en 2014 a révélé qu’un couple s’échange environ 80 millions de bactéries lors d’un baiser de 10 secondes avec la langue. Les auteurs notent que deux partenaires qui s’embrassent régulièrement tendent à avoir un microbiote buccal similaire à long terme. Plusieurs études ont montré que ces échanges salivaires étaient parfois à l’origine de la transmission de maladies s’ils contiennent des bactéries ou des virus pathogènes. Il existe ainsi des cas documentés de transmission par la bouche d’infections virales, telles que la grippe, l’herpes simplex et la mononucléose infectieuse. Les baisers peuvent également déclencher des allergies alimentaires ou médicamenteuses si l’un des partenaires est allergique à un aliment ou médicament ingéré par l’autre. L’échange de bactéries peut aussi jouer un rôle bénéfique. Plusieurs scientifiques avancent qu’il renforce le système immunitaire. |
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Des grands singes aussi s’embrassent
| Les chimpanzés et les bonobos sont les seuls primates non humains à s’embrasser sur la bouche. Chez les chimpanzés, les mères nourrissent leurs petits directement de bouche à bouche après avoir prémâché la nourriture. Certains primatologues, qui étudient le comportement des primates, avancent l’hypothèse que le baiser humain pourrait être une évolution de cette pratique. Une étude parue en 2000 dans la revue Science montre que les chimpanzés s’embrassent également après un conflit, en guise de réconciliation. Cette pratique est une marque d’amitié et d’affection. Chez les bonobos, le baiser est beaucoup plus fréquent. Selon le primatologue Frans de Waal, ces grands singes ont une vie sociale très active et la pratique du baiser semble leur permettre de résoudre des conflits sans avoir recours à la violence. Chez eux, le baiser se fait fréquemment avec la langue. Il est également réalisé pendant les rapports sexuels et il est probablement lié à une notion de plaisir. |
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Pour aller plus loin
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| Une vidéo de la chaîne Science Trash sur l’origine et l’utilité du baiser chez les humains.
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C’est étonnant
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Des souris privées d’oxygène vivent plus longtemps
| | Souris de laboratoire. Crédit photo : Wikimédia Commons.
| Des souris de laboratoire exposées à une faible quantité d’oxygène ont vécu plus longtemps que la normale, selon une étude parue mardi dans la revue Plos Biology. Des chercheurs avaient déjà montré qu’une restriction en oxygène pouvait conduire à une plus grande longévité chez les levures, les nématodes (des vers) et les mouches à fruits. Mais c’est la première fois que ce lien est identifié chez un mammifère. Les scientifiques ont comparé la longévité de souris exposées à un taux normal d’oxygène dans l’air (21 %) avec celle de souris déplacées dans un environnement plus faible en oxygène (11 %, soit le taux que l’on retrouve à 5 000 mètres d’altitude). Les souris du second groupe ont vécu environ 50 % plus longtemps que les autres. Les troubles neurologiques associés au vieillissement sont apparus plus tardivement chez les souris qui ont reçu moins d’oxygène. Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour savoir si la réduction en oxygène peut aussi influencer la longévité humaine, estime l’équipe de recherche. | |
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On a la réponse
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Pourquoi y a-t-il des vagues près des côtes ?
| | Des vagues sur une côte bretonne. Crédit photo : Fédération française de surf.
| Les vagues qui atteignent les côtes naissent généralement au large. Lorsque le vent souffle au large, il frotte et appuie sur la surface de l’eau, ce qui crée un mouvement ondulatoire : on appelle ce phénomène la houle. On observe alors une alternance entre des niveaux d’eau plus hauts (les crêtes) et des niveaux plus bas (les creux) par rapport au niveau de la mer. En l’absence d’obstacles, cette ondulation peut se transmettre sur plusieurs milliers de kilomètres. Près des côtes, les fonds marins et les rochers cassent la houle, formant les vagues. Leur taille et leur forme dépendent ainsi de l’intensité de la houle et de la morphologie des fonds marins. Des côtes marquées par de fortes pentes ou par des changements brutaux de profondeur seront généralement le siège de grandes vagues puissantes, comme sur certaines plages bretonnes. Un fond océanique plat et à faible pente donnera lieu à des vagues plus douces. Votez avant lundi midi pour choisir à quelle question nous répondrons vendredi prochain dans Brief.science (en cliquant sur votre préférée) : | |
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C’était il y a… 37 ans
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La plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire
| En 1986, l’équipe d’ingénieurs de la centrale nucléaire soviétique de Tchernobyl, en Ukraine actuelle, doit réaliser un test de sûreté sur le réacteur numéro 4, à la demande des autorités nucléaires du pays. Le réacteur contient des éléments radioactifs, comme l’uranium, qui génèrent de la chaleur. La vapeur formée en chauffant un stock d’eau permet de faire tourner des turbines et de produire de l’électricité. Mais lors du test, l’équipe ne respecte pas toutes les consignes de sécurité. Le réacteur commence à surchauffer, faisant bouillir les stocks d’eau et créant une accumulation excessive de vapeur. Cette accumulation augmente la pression dans le réacteur au point que celui-ci explose. L’explosion fait sauter le couvercle de béton du réacteur et provoque un incendie massif, libérant de grandes quantités de matière radioactive dans l’atmosphère. C’est la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire. Des dizaines de personnes meurent sur les lieux ou sont sévèrement irradiées. Près de 250 000 personnes sont évacuées des régions environnantes, certains villages étant encore inhabités aujourd’hui. | | La centrale après l’exposition, en 1986. Crédit photo : Domaine public.
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| 🏟️ Qu’il s’agisse du festival Astroworld en 2021 aux États-Unis ou de la Love Parade en 2010 en Allemagne, les grands rassemblements peuvent mener à des décès en cas de mauvaise gestion. Dans une vidéo très pédagogique de la chaîne YouTube Fouloscopie, le chercheur Mehdi Moussaïd analyse certains mouvements de foule pour trouver des facteurs communs entre différents accidents.
Cette édition a été confectionnée par Morgane Guillet, Imène Hamchiche, Laurent Mauriac et Gaspard Salomon. |
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